Pour gagner le cœur des foules avec un Puzzle Game à la première personne, il semble qu'il faille un bon concept, un design aux petits oignons et une narration intelligente. Frogwares tente le coup avec Magrunner, un casse-tête techno-fantastique qui mélange un peu tout.
Le principe de base est clair : deux mêmes couleurs s'attirent, et deux couleurs différentes se repoussent. C'est simple non ? Si vous n'avez pas compris, on vous le répétera jusqu'à la fin du jeu dans les "astuces" durant les chargements ! Chargements d'ailleurs trop fréquents et trop longs, et paf, un premier problème. Vous êtes l'un des sept candidats, "Magrunner" en herbe prêt à défier les pièges mis au point par l'homme le plus puissant de cette Terre Futuriste. Avec votre Mag Glove, vous pouvez polariser des objets, cubes, plateformes, parois, qui vont alors interagir entre eux selon leurs champs magnétiques (cylindriques ou sphériques). De quoi élaborer de vrais petits tests bien perfides.
Ascenseur pour l'indescriptible
Mais il se trouve que l'énorme centre de formation des Magrunners a été détourné par son créateur en plateforme d'invocation pour Grands Anciens. En pleine mise à l'épreuve, l'univers ouvre ses portes à Cthulhu, le poulpe ailé de Lovecraft. À vrai dire, ça ne change pas grand-chose pour vous : pour sortir de ce bazar, il faudra continuer à résoudre puzzle après puzzle. Frogware décline assez bien son sujet, mais ne peut empêcher une certaine répétitivité dans le gameplay, renforcée par la narration en boucle "mais que se passe-t-il ? / vite, un monte-charge / Mais que se passe-t-il ? / vite, un monte-charge / Mais que se passe-t-il ? / vite, un monte-charge / Adlib." Jusqu'au moment où l'on se retrouve dans l'espace, mais là encore, ça traîne...
Profond qui s'en dédit
Le jeu est renouvelé à mi-parcours par l'arrivée du chien-robot Newton que l'on peut coller sur n'importe quelle paroi et qui fait office de point magnétique customisé. Malheureusement, son utilité est assez claire et on a vite fait le tour des atouts du toutou. En gros, il ne sert quasiment qu'à des mouvements de mise en place, un peu comme un gymnaste fait quelques pas de danse vers un coin du tapis avant de faire une cinquantaine de saltos arrière. Nous, ce sont les saltos qui nous intéressent dans Magrunner, vu qu'en plus la narration et le scénar sont un peu aux fraises. On trouve réellement de très bons puzzles dans l'ensemble, mais les développeurs se perdent aussi dans des sessions action/plates-formes laborieuses et frustrantes. Je préfère nettement être bloqué sur place par une vraie prise de tête que de recommencer cinq fois mon saut à la noix.
Tout cela forme un titre moyen, avec des défauts que l'on peut pardonner vu le petit prix (20 euros dans Steam). On jouera à Magrunner avant tout pour les puzzles (et pas forcément tous), car le trip Cthulhien ne fonctionne pas du tout. Je sais que ça parle à beaucoup de monde, que Frogwares est fan et que la licence est gratuite, mais le résultat ne colle pas. Ce n'est ni marrant, ni intriguant, ni effrayant, ni rien du tout. Heureusement, le magnétisme est assez attirant, pour ainsi dire.